Le pouvoir protecteur des limites

Dans un contexte mondial relativement anxiogène, le développement personnel, les outils ou techniques pour se sentir mieux et prendre soin de sa santé mentale inondent les magazines, publicité et réseaux sociaux.

Et pourtant, il est courant de constater que connaitre ses limites, apprendre à les poser et à les faire respecter est une des premières pistes de réflexion à mener pour prendre soin de son mental… et de son corps.

Commençons par définir ce qu'est une limite

Qu'est-ce qu'une limite

La première définition qui ressort du dictionnaire (Le robert) est « Ligne qui sépare deux terrains ou territoires contigus ».

Et cette notion de territoire est particulièrement intéressante puisqu’elle va nous permettre de poser une réflexion sur notre positionnement et notre façon d’actionner et d’agir en conséquence.

C’est vrai, il s’avère parfois difficile de poser ses propres limites, notamment lorsque cette compétence n’a jamais été transmise ou apprise. Parfois même, certaine personne lutte avec cette idée de poser des limites, par une crainte de ne plus être aimé, d’être vu comme étant psychorigide, ou « pas comme tout le monde ».

 

Néanmoins, c’est important de comprendre, que ne pas poser ou oser poser ses limites, c’est :

  • Avant tout, faire passer les besoins des autres avant les siens
 
  • Se sentir comme étant « pas assez » face à l’extérieur ou à un « autre »
 
  • Donner la possibilité à l’extérieur de jouer avec sa disponibilité, sa présence, son écoute, sa générosité, son amour, etc… 
 
  • Accepter de rentrer dans une forme de dépendance et de copiner avec le manque

Limites et relations saines

Savoir poser ses limites : la clé des relations interpersonnelles

Savoir poser ses limites, autrement dit, être conscient qu’une ligne à ne pas dépasser pour son mieux-être existe est une compétence essentielle pour instaurer et développer des relations saines.

AVANT TOUT, une limite n’est pas présente pour faire partir quelque chose ou quelqu’un, mais pour vous protéger et vous permettre de rester en accord avec vous-même : à savoir de respecter vos besoins et vos valeurs.

En réalité, cela a un peu plus d’impacts et de conséquences dans le vécu de votre quotidien :

Ce type de prise de conscience peut radicalement modifier la façon d’analyser une situation, et de vivre un quotidien plus serein, stable et plus juste. 

Quand les limites améliorent le rapport à soi-même

Poser ses limites pour être dans le respect de soi

Apprendre ce bien à soi, faire de soi sa priorité n’est pas un acte d’arrogance. C’est tout simplement être dans le respect de soi. C’est aussi vous montrer honnête face à l’engagement que vous avez envers vous-même et votre santé mentale.

Ce qui vous permettra indiscutablement de créer des relations beaucoup plus saines.

Avant de travailler sur vos valeurs et vos besoins, le travail sur vos limites est un bon moyen de faire des liens sur certaines situations, notamment d’identifier avec plus de précisions certaines émotions, sensations, ressentis qui auraient tendance à revenir ou à se reproduire de manière récurrente.

Alors certes, ce n’est pas parce « qu »on sait », qu’une situation délicate ou une souffrance vont se résoudre par magie. En revanche, l’idée ici est de sortir d’un flou mental grâce à l’apport de connaissance. Et la connaissance permet d’accéder à la capacité de comprendre ce qui se joue en soi, pour agir (pour soi), se reconnaitre et s’autoriser à… 

Et pour cela, aidez-vous de votre corps !

La façon la plus simple, dans un premier temps, est d’observer ce que vous ressentez dans diverses situations et domaines de votre vie :

  • Dans votre couple, avec votre partenaire
  • Avec vos amis, et plus globalement dans vos relations interpersonnelles
  • Avec votre famille 
  • Au travail 
  • Avec vous-même 
 

Et d’observer (sans jugement !) si une gêne, un inconfort, un ressenti désagréable est présent. 

Si c’est le cas, c’est un bon indicateur pour vous faire prendre conscience qu’une de vos limites est peut-être trop souvent dépassée. 

Les différents types de limites

Les différents types de limites

Il existe plusieurs types de limites. Les principales sont :

  • Les limites émotionnelles : ce que vous pouvez par exemple ressentir face à certaines personnes ou actions de votre entourage. Il s’agira ici d’identifier les émotions et de les associer aux ressentis corporels. Pour vous aider dans cette identification, vous pouvez vous aider de la roue des émotions présente dans mon E-book et téléchargeable gratuitement en page d’accueil ou ici directement. 
  • Les limites temporelles : avoir la sensation d’être utilisé avec une impuissance à passer à l’action (c’est particulièrement le cas dans le travail)
  • Les limites physiques : corporelle, votre espace, votre environnement, ce que vous acceptez de donner, prêter, et parfois (se) reconnaitre…
  • Les limites relationnelles : comment est votre énergie auprès de votre entourage. Comment vous vous sentez avec cette / ce groupe de personnes ? Il est possible que celle-ci puisse faire intervenir des limites émotionnelles.

5 étapes pour prendre conscience de vos limites

1

Commencez par définir vos limites : de manière autonome, en listant les différentes sphères de votre vie, posez-vous la question de savoir ce qui n’est plus acceptable pour vous ? Qu’est-ce que vous ne vous souhaitez plus ? Si vous ressentez des difficultés dans cette réflexion, n’hésitez pas à vous faire accompagner, car il est nécessaire d’être objectif et serein pour la construction de vos limites. En état d’épuisement par exemple, l’analyse sera forcément biaisée (et c’est totalement normal, le cerveau étant déjà mobilisé à assurer les fonctions vitales et prioritaires).

2

Séparez la demande de la relation. C’est parfois cette partie qui demande le plus d’affirmation, notamment dans la sphère familiale et couple. J’entends souvent une notion de « devoir » ou encore de « normalité » à être présent, voir à anticiper les besoins de l’entourage, particulièrement lorsqu’il y a une notion de responsabilité, ou lorsque cette place vous a été confiée depuis l’enfance (particulièrement lors de parentification et relation d’accaparement). 

Ici, avant d’agir et d’abandonner ses limites, vous pouvez dans un premier temps apprendre ou re-apprendre à vous positionner en posant une question simple et pourtant essentielle : « as-tu besoin de quelques choses ? » ou « as-tu besoin que j’intervienne ? » Et si oui « Comment puis-je t’aider » ? Ce « comment » à le pouvoir de vous donner une zone d’intervention, ce qui délimite votre champ d’action. Vous pouvez décider ou non d’intervenir, d’agir, d’accompagner en fonction des besoins de la personne et de ce qui est acceptable pour vous. 

3

Noter ce que vous a permis de gagner ce « non » : gain de temps ? Gain d’énergie ? Temps pour soi ? Estime et/ou respect de soi ? Vous allez être surpris des différentes actions entreprises par ce « non ».

4

Prendre conscience du coût personnel de dire « oui » : en disant oui, vous autorisez à l’extérieur à prendre un certain pouvoir, une de vos ressources. Quelle est cette partie de vous que vous acceptez de donner à cet autre : le respect envers vous-même ? Votre énergie ? Votre temps ? Votre amour ? Êtes-vous certain d’être prêt à payer ce coût ?

5

L’engagement. Cette notion revient de manière quasi systématique dans les réflexions : « je ne supporte pas les personnes qui ne sont pas responsables et qui ne tiennent pas leur engagement ». J’entends, mais à la base, qui manque d’engagement envers qui ? Comment est-ce possible d’attendre de l’engagement de l’extérieur lorsque déjà, à titre personnel, il est courant de ne pas respecter ses propres limites ? Il est peut-être temps que la peur change de camp ! Autorisez-vous à vous faire du bien ! Ne vous sous-estimez pas et donnez-vous la permission d’être en paix envers vous-même… et vos engagements !

 

Et dans la vraie vie, ça se passe comment ?

Pour vous aider dans cette réflexion, vous trouverez ci-dessous différents questionnements à utiliser dans différentes sphères :

Dans le couple...

Qu’attendez-vous au niveau relationnel ? 

Quelle est votre représentation du couple ? 

Qu’est-ce qui est important pour vous ? 

Dressez une liste dans ce sens en distinguant ce qui vous convient et ce que vous ne voulez plus, notamment les « non » catégoriques. Bien entendu, l’idée étant par la suite d’en discuter avec votre partenaire, pour mettre en évidence les points essentiels à améliorer en priorité pour votre mieux-être et ceux qui seront secondaires, en faisant appel à votre flexibilité ou adaptabilité.

Dans le travail...

Cette analyse est quasi systématique en pré ou post burn-out.

L’avantage dans cette sphère, c’est que vous allez pouvoir reposer sur des éléments objectifs et un cadre légal : un nombre d’heures maximal à respecter, des possibilités de réductions de travail, une flexibilité horaire ou géographique, un temps de travail « hors ligne » à compter de 18/19h ou du jeudi soir etc.. 

L’important ici, va être de faire un état de TOUT ce qui peut vous amener du mieux-être dans votre quotidien. Comment, vous pouvez mieux-vivre et concilier votre semaine ? Une fois trouvé, vous pourrez vous affirmer et en discuter avec votre manager. N’oublions pas que cette action amène une réflexion en profondeur sur ce qui est acceptable ou non pour vous. C’est faire preuve de capacité de prise de recul sur soi-même, d’étude de ses besoins tout en gardant à l’esprit de faire partie d’une équipe. Ces compétences sont à valoriser et ne doivent pas être mises de côtés, bien au contraire.

En revanche, il sera nécessaire de travailler leur approche et ne pas agir à titre « personnel ». Gardez à l’esprit que vous représentez avant tout un poste dans l’entreprise. Vous êtes embauché pour réaliser telle ou telle mission. Cette notion ne doit pas vous quitter. 

Ainsi, au lieu de dire « ça suffit avec tes emails à 21h tous les jours » ; vous pouvez clairement exprimer votre ressenti : « j’aimerais aborder avec toi/vous le sujet des messages à partir de 21h. Dans une volonté de maintenir un équilibre personnel nécessaire à mon efficacité journalière, je me sens obligé de répondre à tes/vos sollicitations tardives et cela nuit à mon mental. Peut-on trouver ensemble une solution pour que ces sujets puissent être abordés avant mon départ à xx h »

L’objectif ici, vous l’avez compris : respecter vos limites, tout en faisant preuve d’ouverture, de compréhension et d’empathie pour trouver une solution qui conviendra aux deux parties.

Dans les relations interpersonnelles

Dans ce domaine, le signe qui va vous donner une indication essentielle est le ressenti de la colère, de la frustration, d’un agacement. Et c’est un signe évocateur puisque dans la colère, ce qui se joue, c’est aussi une guerre de territoire. Nous ressentons de la colère lorsque nous sentons que nos valeurs ne sont pas respectées, lorsque nous sentons notre territoire en danger. Intéressant lien avec les limites, non ?

Votre corps : votre temple

Derrière chaque émotion, positive ou négative, il y a un message, qui passe par le corps.

Accueillir l’émotion, y prêter de l’attention mentalement et à travers son corps, c’est déjà être dans la construction de ses propres limites, sans aller systématiquement dans une remise en question permanente : le mauvais, ou le petit truc à changer ne vient pas forcément de vous, si ce n’est votre positionnement face à cela.

Affirmer sa position, affirmer ses choix, c’est déjà être dans cette reconnexion à soi et à son libre arbitre. C’est déjà faire ce premier pas et s’accorder de l’attention. 

Pour aller un peu plus loin : Croyances ou limites ?

Poser ses limites, savoir détecter ce qui est acceptable ou pas est différent d’un travail commencé au sujet des croyances personnelles

Nous reposons tous sur des croyances, qui « ne sont qu’un des cadres plus larges dans lesquels notre comportement s’inscrit » (Croyances et santé, Robert Dilts – Tim Hallbom et Suzi Smith). 

Certaines d’entre elles, notamment les croyances « ne pas pouvoir » limitent donc le champ d’action et proviennent généralement d’empreintes inconscientes. Par exemple : “si je me lance dans ce projet, tout le monde va me trouver nul et je ne vais pas réussir ». Ici, il est important de faire la différence entre une limite personnelle qui vous protège, et une croyance, souvent identitaire et inconsciente… Qui vous limite. C’est tout l’intérêt ici d’être accompagné dans ce cheminement personnel afin de sortir de certains comportements ou schéma répétitif et d’activer vos ressources personnelles pour rentrer dans VOTRE réalité. 

La notion de temps est également très importante. De nos jours, tout doit être traité rapidement, en un claquement de doigt. 

Or, derrière tout changement, particulièrement lorsqu’une personne repose sur un système de croyance mis en place depuis l’enfance, il sera difficile voir nuisible de couper la branche sur laquelle elle est assise. Cela ne veut pas dire que le changement ne s’opèrera pas. Bien au contraire : se donner de l’espace, de la bienveillance, être dans cette intention, c’est déjà s’ouvrir au changement.

Pour conclure...

 « Vous ne devez personne définir vos limites…Votre seule limite est votre âme. »

Walt Disney